Journée internationale des droits des femmes, PULSALYS met les femmes à l'honneur
8 March 2019« L’esprit n’a pas de sexe ». Cette formule de François Poullain de la Barre, philosophe du XVIIe siècle et mise en épigraphe par Simone de Beauvoir dans le Deuxième sexe prend tout son sens ce 8 mars, journée internationale des droits des femmes 2019 et résonne comme une évidence pour Sophie Jullian, présidente de PULSALYS qui commente « La science se conjugue au féminin, se décline au singulier et se partage au pluriel. »
sophie jullian raconte
Si l’on remonte plus loin dans l’histoire, les contributions des femmes à la science sont recensées depuis toujours :
« Les femmes ont toujours eu leur place en recherche, la question est plus de leur visibilité que de leur place et en particulier dans les instances de pouvoir et de représentation comme la présidence des congrès internationaux. Seules quelques femmes ont été visibles et sont tellement exceptionnelles qu’elles sont difficilement des modèles pour les jeunes femmes. Mon modèle est une femme scientifique de mon entourage familial, qui n’est pas aussi connue que les grands portraits habituels. Yvonne Gubler-Wahl, femme chercheur « ordinaire » mais qui a été néanmoins présidente d’une association scientifique internationale dans les années 70 et a laissé sa marque dans la petite communauté des sédimentologistes. Femme exigeante et intègre, elle m’a donné le gout de ne pas accepter les choses telles qu’elles sont et de tracer ma voie à mon rythme. »
Pour PULSALYS, c’est aussi dès le début de son histoire que les femmes apportent leur contribution et sont mises à l’honneur, c’est pourquoi la SATT a décidé aujourd’hui de valoriser leur parcours.
« L’objectif de cette galerie de portraits diffusée cette semaine est aussi de mettre en lumière d’autres modèles de femmes qui innovent dans la recherche, qui entreprennent dans des startups, des femmes que nous pouvons croiser tous les jours et surtout auxquelles nous pouvons vraiment nous identifier. » conclut Sophie Jullian.
Découvrez 7 portraits de femmes qui mettent leur talent au service de la science. Des femmes exceptionnelles mais aussi des femmes de tous les jours qui témoignent de leur engagement. Inspirées par des scientifiques d’hier, elles souhaitent être inspirant
Géraldine Le Duc
CEO de NH Theraguix inspirée par Rachel Carson, Biologiste marine et écologiste
« J’ai toujours souhaité être biologiste. Je pense avoir été un « pur produit de l’éducation nationale » avec toujours cette envie d’apprendre et de comprendre. La recherche publique est un prolongement à l’éducation. J’ai été chercheur pendant 25 ans. Je suis devenue CEO de NH TherAguix à un moment où la recherche en tant que chercheur académique ne répondait plus à mes attentes. Quand on est chercheur en cancérologie, il arrive un moment où l’on souhaite avoir un impact significatif sur la vie des personnes malades. Apprendre et comprendre ne suffit plus. En 2015, au moment de la création de NH TherAguix, les planètes étaient alignées pour que je puisse me lancer dans l’aventure de l’entreprenariat, nouvelle pour moi, un peu inquiétante, mais qui répondait aussi à un projet de vie dans sa globalité.
Si je devais donner un conseil aux jeunes femmes qui souhaitent faire des études scientifiques, je leur dirais que la recherche est un domaine ou il faut être à la fois persévérant et patient. Il faut le savoir dès le début. Par ailleurs, sur la plan humain, c’est un milieu compétitif mais aussi un milieu ou le travail d’équipe compte. Il faut savoir doser entraide et compétition et cela n’est pas simple. Un dernier conseil serait de ne pas négliger ce qu’il y a en dehors du laboratoire car on peut vite se faire enfermer. »
Mylène Pardoen
Archéologue du paysage sonore inspirée par Gertrude Bell, Archéologue et aventurière
« C’est plus la recherche qui m’a choisie que moi. Quand j’ai découvert la recherche, ce qui m’a plu c’est l’abîme qui s’ouvrait sous mes pieds (cette impression d’avoir tout à apprendre et à découvrir, cette humilité ressentie face à l’immensité qui s’ouvrait devant moi), le côté exploratoire (découvrir des problématiques au fil de la recherche initiale, prendre conscience que l’erreur est aussi importante que la réussite).
Si je devais donner un conseil aux jeunes femmes qui souhaitent faire des études scientifiques, je leur dirais que les études scientifiques sont ouvertes à toutes et tous, sans distinction. Croire en soi et ne pas avoir peur du regard des autres et de leurs possibles jugements est essentiel. Poursuivre son chemin contre vents et marées et apprendre à devenir sourde aux mauvaises sirènes font partie du trousseau de clés de la réussite. Il faut aussi accepter que parfois, le chemin qui mène à notre passion ne soit pas direct. Cela nous renforce et nous enrichit également. »
Anne Khoschnud
CEO et co-fondatrice de MOLSID inspirée par Maria Gaetana Agnesi, Mathématicienne et philosophe
« Je travaille depuis longtemps dans l’innovation qui est en général à l’origine d’une découverte qui mène à de la Recherche, suivi d’un développement. C’est le développement de l’innovation qui me passionne. En 1727, Maria Gaetana Agnesi a écrit son « Discours par lequel on montre que l’étude des arts libéraux n’est aucunement incompatible avec le sexe féminin ». En 1748, elle a écrit les « Institutions analytiques » qui ont trouvé un écho au-delà des frontières et du temps. L’évolution peut se faire en une simple vie de femme.
Si je devais donner un conseil aux jeunes femmes qui souhaitent faire des études scientifiques, ce serait : Faites-le ! »
Valérie Castellani
Directrice de recherches au CNRS et co-fondatrice d’Oncofactory inspirée par Nettie Stevens, Généticienne américaine
« J’ai choisi une carrière de recherche fondamentale pour assouvir une curiosité, une envie de comprendre et d’œuvrer à quelque chose qui dépasse l’individu. L’avancée des connaissances est une aventure collective, qui s’inscrit dans la durée, dont l’utilité n’est et ne devrait jamais être sujette à caution. En parallèle de cette activité de recherche j’ai récemment cofondé une startup. L’innovation n’est pas une finalité de la recherche fondamentale, mais amener une connaissance que l’on a généré vers une application qui pourrait changer la vie des gens est une opportunité passionnante.
Si je devais donner un conseil aux jeunes femmes qui souhaitent faire des études scientifiques, je leur dirais d’aller là où leur curiosité les porte, sans s’inquiéter de leurs capacités ou des difficultés qu’elles pourraient rencontrer. Je leur dirai d’oser, d’être exigeantes dans leurs attentes, et de rester libres de leurs choix. Les métiers de la recherche sont passionnants, et prenants ! »
Nicole Jaffrezic
Professeur émérite, Directrice de recherche à l’Institut des Sciences Analytiques (UCBL, ENS Lyon et CNRS) inspirée par Marie Curie, Physicienne et chimiste
« Je suis chercheur depuis ma sortie de l’école Chimie ParisTech où certaines options étaient orientées vers la recherche, ainsi que les stages en laboratoire. J’ai toujours aimé le côté questionnement sur le comportement atomique et moléculaire et la joie de trouver certaines réponses, mêmes infimes. J’aime l’interdisciplinaire, associer la chimie à la physique et plus récemment à la biochimie. Marier la biologie à l’électronique, c’est ce que je fais avec la conception de nouveaux biocapteurs.
Si je devais donner un conseil aux jeunes femmes qui souhaitent faire des études scientifiques, je leur dirais que les études scientifiques permettent de mieux comprendre ce qui nous entoure au niveau matière (la nature), au niveau des mouvements des éléments naturels et des astres. Elles permettront aussi de trouver des solutions pour respecter la nature (recyclage) et l’imiter (biomimétisme). »
Angela Sirigu
Chercheuse et Directrice de l’Institut de sciences cognitives – Marc-Jeannerod (ISC) inspirée par Jane Goodall, Éthologue et anthropologue
« Faire avancer les connaissances est le plus grand défi qu’un individu peut poser à soi-même, pour son propre plaisir et pour le bien-être des autres. Découvrir et partager la découverte constitue une vraie récompense ! Et ce plaisir, on le perçoit aussi chez les autres lorsque nous expliquons notre métier et ce à quoi nous nous intéressons dans un projet de recherche!
Si je devais donner un conseil aux jeunes femmes qui souhaitent faire des études scientifiques, je leur dirais qu’il faut d’abord cultiver la curiosité et la créativité pour que la recherche puisse avoir un impact! Il faut s’imposer et faire preuve de convictions scientifiques et de persuasion envers les autres même lorsque les obstacles sont importants ! L’activité scientifique demande beaucoup aux femmes car elle ne s’arrête pas aux portes du laboratoire mais elle envahie l’espace personnel. Il y a dans ce métier beaucoup des satisfactions qui permettent aux femmes de s’élever intellectuellement. »
Delphine Fabre
Docteur en psychologie cognitive, neuropsychologue et psychothérapeute au CH du Vinatier inspirée par Claudie Haigneré, Scientifique et spationaute
« Passionnée par l’étude des comportements humains j’ai souhaité que mes activités de recherche soient au service des personnes atteintes d’un trouble psychique sévère. Lorsque le cerveau se met à dysfonctionner, l’autonomie et la qualité de vie des personnes sont vite impactées aboutissant le plus souvent à une restriction de leur participation à la vie en société. L’outil numérique, à travers le Smartphone, associé aux connaissances sur ces maladies et les moyens de prise en charge, doit être un outil puissant pour faciliter le maintien de leur autonomie et de leur capacité d’empowerment -le pouvoir d’agir sur leur condition sociale.
Si je devais donner un conseil aux jeunes femmes qui souhaitent faire des études scientifiques, je leur dirais de s’engager dans ce que l’on croit et la persévérance sont des atouts clés pour réussir dans le domaine de la recherche »