iCHORD : au cœur de la matrice cristalline
13 mars 2017Orsay Physics, leader mondial de la technologie de faisceaux d’ions et d’électrons, fabrique des instruments de pointe (colonnes à faisceaux d’ions ou d’électrons localisés, microscopes électroniques à balayage, systèmes d’injection de gaz) pour l’analyse de matériaux à l’échelle nanométrique. Dans le but de maintenir l’excellence de ses produits et d’offrir de nouveaux outils à ses clients, Orsay Physics s’engage aux côtés de PULSALYS dans le développement d’une nouvelle technologie innovante de cartographie des orientations cristallines, mise au point par le chercheur Cyril Langlois au laboratoire MATEIS (INSA de Lyon).
L’aventure commence à Manchester en 2015, lors d’une conférence tenue par Cyril Langlois où il présente sa méthode innovante, iCHORD.
Présente ce jour-là, Anne Delobbe, Directrice R&D d’Orsay Physics est immédiatement convaincue par son potentiel technologique. « La méthode iCHORD offrira une plus-value à nos machines », précise-t-elle. Elle contacte alors PULSALYS qui accompagne Cyril Langlois dans le transfert de sa technologie. La méthode vient d’être brevetée et recherche un industriel intéressé. Une opportunité pour Orsay Physics qui propose d’investir avec PULSALYS dans la maturation technico-économique du projet (150k€ au total). Le programme de co-maturation est lancé en novembre 2015, et se poursuit toujours. L’accord de co-développement a été assorti de la signature d’une option de licence exclusive avec Orsay Physics.
En quoi consiste la méthode iCHORD ? Laetitia Roux, Chef de Projet Instrumentation en charge du dossier, nous l’explique. « La méthode iCHORD (ion Channeling Orientation Determination) développée par Cyril permet de cartographier de manière précise l’orientation cristalline des grains (ou zones) composant les matériaux (métal, céramique…). L’orientation est directement liée aux propriétés de la matière ». Cette connaissance pointue de la structure cristalline peut être utilisée pour développer de nouveaux matériaux pour gagner en robustesse et en élasticité. Cette méthode trouve ses applications dans les marchés de la métallurgie, la mécanique et la céramique.
La méthode iCHORD améliore la technique de l’EBSD (Electron Back-Scattered Diffraction), actuellement utilisée. Ses atouts sont nombreux : un temps d’acquisition de l’image plus court avec une vitesse multipliée par 4, l’analyse de plus grandes zones d’échantillon, une meilleure résolution spatiale et un coût moindre car la méthode repose uniquement sur l’analyse d’images, grâce à un logiciel. Autre avantage, iCHORD peut être implémenté sur les appareils déjà présents au sein des laboratoires de recherche ou des laboratoires industriels.
Le programme de co-maturation avec Orsay Physics d’une durée de 18 mois a pour objectif de finaliser la preuve de concept en validant iCHORD sur divers échantillons « clients », et de l’amener à une solution industriellement viable. Cyril Langlois compte bien utiliser cette opportunité pour convaincre l’industriel de l’intérêt de sa méthode. « La preuve de concept laboratoire ne suffit pas, il faut convaincre l’industriel et pour cela la co-maturation est primordiale », conclut Cyril Langlois.
Nous avons échangé avec Cyril Langlois afin d’avoir son retour d’expérience sur ce co-développement.
Est-ce la première fois que vous faites du transfert de technologie ?
Oui et l’accompagnement apporté par la SATT est une vraie plus-value dans le développement de mon projet. PULSALYS m’aide à affiner la preuve de concept et c’est une étape importante pour convaincre l’industriel d’exploiter la technologie. Si l’on veut que notre invention serve à une application industrielle, la publication d’articles ne suffit pas, il faut intégrer un programme de maturation.
De quel accompagnement bénéficiez-vous de la part de PULSALYS ?
La SATT s’est présentée comme l’acteur incontournable pour accompagner mon projet vers le marché. En effet, PULSALYS a très bien menée une des étapes importantes dans le programme de co-maturation qui est la négociation de l’option de licence avec Orsay Physics. Elle s’est également occupée de toute la propriété intellectuelle attachée au projet (base de données, brevet, logiciel), a financé une partie de la maturation et a apporté tous les moyens nécessaires (matériels, humains…).
En quoi consiste la co-maturation avec Orsay Physics ?
La co-maturation a pour objectif d’aboutir à un produit répondant aux attentes réelles de l’industriel. Concrètement, la maturation permettra d’obtenir un prototype finalisé, de valider la technique sur plusieurs types de matériaux et de développer le logiciel d’analyse des données avec notre partenaire Axon Square. Le co-investissement entre PULSALYS et Orsay Physics s’élève à 150k€. L’investissement de PULSALYS a notamment permis d’embaucher un ingénieur maturation pour nous aider au développement de la méthode.
Que vous apporte-t-elle ?
Le co-développement avec Orsay Physics apporte de nombreux avantages : une plus grande connaissance du marché, un investissement significatif dans le projet et un partage des risques.
Pourquoi avez-vous choisi Orsay Physics pour votre transfert ?
Je dirai plutôt que c’est Orsay Physics qui m’a choisi (rires). La Directrice R&D Anne Delobbe était présente lors de ma conférence en Angleterre et suite à cela, elle a tout de suite perçu l’opportunité technologique que pourrait lui apporter mon projet. Orsay Physics fabrique des sources de faisceaux d’ions et ma méthode ne peut fonctionner sans. Il y a donc une complémentarité dans nos métiers et c’est ce qui a plu à Orsay Physics. D’autre part, c’est très agréable de travailler avec eux car ce sont des chercheurs et ingénieurs, qui comprennent parfaitement mes problématiques scientifiques, tout en apportant une logique business.
Que ressentez-vous à l’idée que votre invention soit transférée sur le marché ?
Je suis très content que mon invention puisse servir à une application industrielle. Mon projet a grandi avec l’aide de PULSALYS et a bénéficié d’une plus grande visibilité.
Quelles perspectives d’évolution pour votre projet ?
L’avantage de cette technologie est qu’elle peut s’appliquer à tous les domaines. Nous pourrions très bien imaginer une application en géologie par exemple. Nous sommes aussi en train de réfléchir à une technique pour modéliser les grains en 3D. Il y a de vrais potentiels avec la méthode iCHORD, tout reste à faire. C’est un challenge excitant.
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